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Kaikoura et sa colonie d’otaries

Une baleine à bosse. Ou alors un cachalot. Ce serait une première. Je ne suis pas sûr, cela dit, que la sperm whale, comme on l’appelle en anglais, s’autorise des sauts façon humpback… Enfin, peu importe, une baleine, quelle qu’elle soit. Oui, j’espère sincèrement en apercevoir une, depuis les sentiers de la péninsule de Kaikoura. Mon étape ici est de courte durée, et je n’ai de prévu que cette balade en bord de Pacifique.

C’est de renom, la péninsule abrite une colonie d’otaries. Je suis cependant surpris d’en apercevoir dès le parking. Il est 8 heures, le soleil est déjà bien haut, et une petite dizaine d’otaries finissent leur nuit, non pas sur les rochers ou quelque promontoire naturel, mais bien sur le bitume. En respectant une distance de 8-10 mètres, préconisée afin de ne pas les déranger, je profite de l’opportunité et fait claquer mon objectif pour la première fois ce matin-là.

Je suis à Point Kean, d’où démarre le tracé. D’abord pavé, il laisse rapidement place à de la terre boueuse. Après une raide ascension, me voilà sur le haut de la falaise. D’un regard plongeant, j’observe déjà des dizaines d’otaries qui daignent à peine agiter leurs moustaches. Si c’est une colonie, ce coin de rocher est indéniablement le dortoir. A quelques rares exceptions, pas une oreille ne bouge. Je jette un coup d’oeil au large. Aucun geyser de gouttelettes qu’un évent aurait expulsé. Alors que je continue à longer l’océan Pacifique, j’assiste à un vrai concert de sons aux origines variées.

Au loin, le ronronnement sourd et monocorde d’une embarcation qui ne deviendra vite plus qu’un point, avant de disparaître, happée par le flou de la ligne d’horizon. Au pied de la falaise, l’échouage des vagues. Brisées en deux par des îlots rocheux avancés, elle finissent, en bout de course, par lécher la grève, avec douceur. A ce même endroit, ce sont quelques otaries qui se font entendre. Plus que l’aboiement qu’on leur attribue, les sons qui me parviennent rappellent des cris éraillés. Enfin, de l’autre côté, qui n’est que champs et bosquets, c’est le pépiement incessant de passereaux qui arrive à mes oreilles.

Lorsque la falaise, formant une pointe s’avançant sur l’océan, m’offre un point de vue idéal, je m’installe et sors mes jumelles. Je repère une otarie qui cesse son bain de soleil pour aller se délasser dans un bouillon d’algues. Nageant à l’indienne, sur le flanc, elle m’adresse un bonjour de la nageoire avant de disparaître. Comme un jeu, elle réapparaît ça et là. Une fois, deux fois, trois fois… J’anticipe ses trajectoires et repère ses prises de respiration. Mais ses apnées s’allongent, et je la perds finalement de vue.

Un escalier m’autorise enfin à descendre au niveau de l’eau. Je décide de m’y engager, pour y faire le chemin en sens inverse qui me mènera de nouveau au parking. C’est un de ces matins où la marée, basse, le permet. Depuis le sommet, j’avais repéré quelques endroits qui me permettraient d’approcher à nouveau les otaries. Rapidement, je suis en terrain miné. L’herbe est haute, la fourrure aux tons marrons et reflets verdâtres se confond avec la végétation. Avant chaque nouveau pas, je prends les précautions nécessaires.

Je suis, semble-t-il, le premier visiteur du jour. Aussi, je suis obligé de contourner le tracé dessiné par les pas de mes prédécesseurs. Les otaries ne s’embarrassent pas de la signalétique qui a tendance à réduire l’espace qui leur est destiné, et dorment un peu partout. Il y a celles qui me repèrent et se carapatent, et celles qui ouvrent un oeil, analysent la situation, et attendent que je m’éloigne. Je déclenche à loisir, sous tous les angles.

Cette promenade touche à sa fin, mais ce n’est que le début de mon road trip d’une semaine, à destination d’Auckland. Premier jour, et j’en prends déjà plein la vue. Aussi, c’est à savoir, la route qui mène à Kaikoura, au nord comme au sud, prise entre les falaises et l’océan Pacifique, a un charme indescriptible. Mon seul regret : ne pas être un simple passager qui, le nez collé à la fenêtre, ne laisserait échapper aucun détail. A l’affût de la nageoire caudale que je n’ai pas vue ce matin-là.

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Clichés pris la veille, à mon arrivée, depuis la plage située au centre-ville de Kaikoura :

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axL

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Lyttelton & Diamond Harbour

Map Lyttelton

A 11h20, j’embarque dans le bus 535 en direction de Lyttelton. L’arrêt de bus est en face de l’auberge, pratique. Je me dirige donc vers la banlieue sud-est de Christchurch, où je n’ai pas encore mis les pieds. Le bus prend la direction de Sumner, où se trouvent quelques plages, et s’engouffre dans un tunnel, pour atteindre le versant sud des hauteurs de Christchurch. En 15 minutes, je suis à Lyttelton. Un petit port qui fait face à la Banks Peninsula. A flanc de colline, de nombreuses habitations ont une vue plongeante sur le port. Je demande au chauffeur de me laisser en haut du village. Oui, je suis faignant ce matin. Je me promène, fait face à de nombreux culs de sac, et me résous à descendre, en direction du centre d’information.

Je n’ai pas de réel programme, et demande à la charmante dame d’une soixantaine d’année s’il y a d’agréables promenades dans les environs. Après m’avoir conseillé de remonter (non merci, j’en viens), elle m’indique qu’un ferry traverse la baie en direction de Diamond Harbour. Là-bas, des cliff walks (sentiers côtiers) permettent d’avoir de jolis points de vue. Banco ! Le bateau ne part pas avant une heure, et j’ai le temps d’explorer l’artère (le vaisseau sanguin, disons) principale. 

Lyttelton

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12h50, me voilà dans le ferry. En moins de 10 minutes, je débarque à Diamond Harbour. Je me pose une petite demi-heure, le temps d’avaler un sandwich et de savourer un délicieux thé-noir-glacé-bio-aromatisé-citron. Muni de mon appareil photo, mes jumelles, et une carte non détaillée, j’engage ma mini-randonnée. Il faut d’abord redescendre sur la plage, pour pouvoir longer un chemin qui remonte, tout droit, en direction du sommet de la colline. Rochers, grandes marches, branches en travers du passage. Rien de plus classique jusque-là, mais toutefois fort agréable. Le chemin est ensuite coupé par la route. Deux options s’offrent à moi, de l’autre côté du ruban de bitume. Je choisis la mauvaise.

Quelques dizaines de mètres plus haut, je demande de l’aide à un habitant. Je suis au milieu de maisons, en hauteur désormais. Vue sur Lyttelton d’un côté, l’embouchure de la baie de l’autre. Il fait toujours aussi beau, mais des nuages montent au sud. Je vise un sentier, mince trait sur ma carte, que la légende désigne comme un cliff walk. Et me renseigne une seconde fois (Monsieur et Madame redessinant les marches conduisant à leur maison. Lui : « Oh je sais pas trop moi. Tiens, descends jusqu’à la porte d’entrée et toque, mon fils va t’aider » (…) Elle : « Mais d’où vient ce charmant accent ? » Moi : « De France »
Elle : « Oh, je m’en doutais » {méga sourire} Moi : « Merci beaucoup, c’est super sympa! A bientôt »).

Je suis alors un autre chemin de gravier, bien décidé à atteindre le bord de l’eau. Raté, encore. Un cul de sac de plus, et il ne me reste qu’un chemin à suivre. Je vois bien sur mon plan qu’il va m’amener beaucoup plus loin que prévu. Tant pis, je couperai avant pour rejoindre le sentier voulu. Après plusieurs centaines de mètres, à flanc de colline, la roche à ma droite, une forêt de pins en aval, je me décide et engage la descente. C’est escarpé, et je ne fais que glisser. Des graines de plantes séchées font effet d’énormes échardes et se plantent dans les mailles de ma veste, mon short, mon t-shirt. Mes chaussures sont remplies de feuilles, de terre et d’aiguilles de pin.

Une fois la pente arborée dévalée, à moitié sur le postérieur pour contrecarrer mes appuis fuyants, me voilà surplombant la route. Un mur de roche abrupt de 5-6 mètres nous sépare. Tant bien que mal, évitant d’être trop près du bord et enjambant les troncs d’arbres, je commence à longer la route, dans le sens du sentier que j’empruntais jusqu’à il y a quelques minutes, espérant trouver un goulot qui me permettrait d’atteindre la route. Après 10 minutes d’angoisse, je trouve enfin un terrain plus accommodant. Je m’y engage, glisse, m’accroche aux herbes hautes, et atteins enfin le fossé. Je ressemble à Bear Grylls (mais si, le timbré de Man vs. Wild), sans l’attitude du baroudeur. Juste sale et débraillé. Sans assurance aucune, mais qui fait comme s’il maîtrisait la situation.

Quelques mètres, et me voilà sur le sentier que j’avais repéré des heures avant. La récompense après la panique. Ce chemin longe Purau Bay. De nombreuses mouettes nichent ici et là, des bateaux s’y reposent. L’eau, d’un joli vert opaque, me rappelle les Emerald Lakes du Tongariro Crossing, dans l’île du Nord, où je suis passé il y a 4 ans. Je ne croise qu’une seule personne sur les 2-3 kilomètres qui me ramèneront à l’embarcadère. Désormais, une mer de nuage a chassé le ciel bleu, et j’essuie quelques gouttes. Il fait un peu plus frais, mais le charme de la baie reste le même. Merci Madame du centre d’infos, c’était top !

axL

Diamond Harbour

Diamond Harbour Diamond Harbour Diamond Harbour Diamond Harbour Diamond Harbour Diamond Harbour Diamond Harbour Diamond HarbourDiamond Harbour